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Vivian Maier, une vie extraordinaire.

Actualités Expositions

19 août 2025

Le Delta, en collaboration avec l’Intime Festival, vous invite à l’exposition événement Vivian Maier, Saisir la vie partout. Découvrez le parcours hors norme de cette photographe amateur devenue légende de la photographie.

Vivian Maier est considérée comme une icône de l’art photographique, célébrée dans les musées du monde entier comme l’une des plus grandes photographes de rue du XXe siècle. Pendant plus de 40 ans, elle a arpenté les rues, un appareil photo au cou, capturant des fragments de vie. Elle a observé le monde sans jamais se faire remarquer et capturé l’âme des villes avec un regard sincère et puissant. La découverte de ses photographies est l’une des histoires les plus extraordinaires de l’art contemporain, l’histoire d’un véritable talent artistique sauvé de l’oubli.

Self-portrait – Florida – 1957

Vivian naît le 1er février 1926 à New York d’une mère française et d’un père autrichien. Tous deux enfants d’immigrants arrivés aux États-Unis au début du XXe siècle en quête de fortune. La vie de Vivian et de son frère aîné, confié très jeune à leurs grands-parents, est profondément marquée par la relation conflictuelle de leurs parents.

Après leur séparation définitive, leur père manifestera un désintérêt total pour la famille. Mère et fille déménagent fréquemment. En 1930, elles partagent un appartement dans le Bronx avec leur amie photographe Jeanne Bertrand, avant de partir en France en 1932, où Vivian passera une grande partie de son enfance.

À l’approche de la Seconde Guerre mondiale, mère et fille doivent revenir à New York en raison des démêlés avec la justice du frère de Vivian, adolescent perturbé et rebelle. Vivian a douze ans et est contrainte de quitter le monde calme et verdoyant qu’elle a connue en France, pour une grande ville bruyante, où elle n’a pas d’amis et dont elle ne connaît plus la langue. Sa mère commence bientôt à présenter des troubles qui évoluent rapidement en maladie mentale sévère. 

Vivian doit se débrouiller seule.

Intelligente, entreprenante et curieuse, elle étudie l’anglais en lisant et en fréquentant les cinémas. Dans les années 40, elle travaille dans une usine de poupées et, à 24 ans, grâce à un héritage venu de France, elle achète son premier appareil photo.

En 1951, elle commence à travailler comme gardienne d’enfants à New York et prend des photos à ses heures perdues, capturant des paysages urbains et des portraits de personnes de tous horizons. Amoureuse de la diversité et de la variété de la condition humaine, elle manifestera toujours une prédilection pour le portrait de la classe populaire qui, comme elle, vit en marge du rêve américain.

Après une année passée comme nounou et photographe amateur, elle investit dans un appareil photo professionnel, le Rolleiflex. Conçu pour être porté à la taille, il permet de photographier sans attirer l’attention. Vivian apprend seule à le maîtriser et à en exploiter pleinement les possibilités. Elle tente d’intégrer le milieu des photographes de la ville, mais ne parvient pas à en faire son métier.Infatigable, elle semble partout à la fois : dans les bas quartiers, au sein de la haute société, sur les plateaux de tournage.

Elle dépeint le quotidien de divers groupes ethniques et défend les droits des femmes. Elle croit en l’égalité, sous toutes ses formes. Tout en photographiant le monde qui l’entoure elle est également en quête de sa propre identité. Ses autoportraits parsèment son œuvre, capturant ses émotions avec une intuition et une modernité incroyable.

À 30 ans, elle s’installe en Californie avec le rêve de travailler comme photographe à Hollywood. Puis elle déménage à Chicago, où elle travaillera pendant onze ans comme nounou pour la famille Gensburg, s’occupant de leurs trois enfants avec affection et inventivité.

Durant cette période heureuse de sa vie, Vivian prend des milliers de photos, allant même jusqu’à installer une chambre noire au sous-sol de la maison des Gensburg. Elle capture des instants de la vie quotidienne et l’authenticité de l’enfance avec une précision et une poésie extraordinaire. En 1959, elle prend un congé de six mois et entreprend un voyage solitaire autour du monde ; une aventure qui témoigne de son courage et de son indépendance, au cours de laquelle elle capturera plus de 5 000 clichés.

De retour chez les Gensburg, Vivian continue à prendre des photos au vol, documentant principalement le quotidien de la rue.

East 108th Street – New York – September 28 1959

Sa vie semble sereine et stable. Cependant certains problèmes liés à enfance vont refaire surface. Elle commence à souffrir d’un trouble pathologique d’accumulation compulsive. 

Dans les années 70, elle se tourne vers la photographie couleur et explore d’autres médias, comme la caméra Super 8 et le magnétophone. Dans ses enregistrements, elle apparaît en femme efficace, enthousiaste, informée et dotée d’un grand sens de l’humour. Tout au long des années 80 et 90, elle s’occupe d’enfants, de personnes âgées et d’un mineur handicapé, sans jamais abandonner la photographie. Cependant, ses troubles s’aggravent au point de devenir ingérables.

Elle accumule ses affaires dans des sous-sols et des garages. C’est en 1999 qu’elle abandonne complètement la photographie, alors que sa maladie la plonge de plus en plus dans la pauvreté. Dans les dernières années de sa vie, les Gensburg l’aident à trouver un appartement au bord du lac Michigan et veillent sur elle.

Chicago – June 7 1956

Elle décède le 21 avril 2009, à l’âge de 83 ans. A ce moment-là, son nom est encore inconnu. Aucune exposition, aucune reconnaissance, juste des cartons poussiéreux, des pellicules non développées et un trésor encore inconnu.

Son immense corpus photographique voit le jour en 2007 lorsque John Maalouf, un jeune agent immobilier passionné de photographie, achète aux enchères l’intégralité du contenu d’un garage saisi à Chicago. Parmi les divers objets se trouve une caisse contenant des centaines de négatifs et de pellicules photographiques. Des images d’une qualité extraordinaire, de véritables trésors attendant d’être révélés.

Toute sa vie, Vivian Maier a caché son passé douloureux : un père violent, une mère instable et un frère schizophrène. Il aura fallu un travail d’enquête approfondi pour reconstituer la trame de son existence.

Aujourd’hui, nous savons que son talent et sa ténacité lui ont permis d’échapper au sort que la vie lui avait réservé ; d’aimer et de raconter l’universalité de la condition humaine. 

Original et insatiable, l’esprit libre et léger de Vivian Maier a marqué la vie de tous celles et ceux qui l’ont connue. Les photographies et objets associés à cette figure désormais légendaire nous parlent de son art et de sa vie, qui ont imprégné son époque d’un regard profondément humain.

Cette exposition offre un nouveau voyage à travers son univers et une lecture intime de son œuvre ; un regard à travers ses yeux pour enfin découvrir qui était Vivian Maier.

A voir au Delta du 30 août au 30 novembre 2025. Une exposition organisée en collaboration avec l’Intime Festival.

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Toutes les photographies sur cette page ©Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Nous remercions :

John Maloof

Howard Greenberg gallery

Arthemisia (Roma)

Centro Culturale Altinate – San Gaetano, Padova