En janvier 2026, le Delta accueillera l’artiste-plasticien Benjamin Huynh (1996-, Be/Fr) qui poursuivra, lors de cette résidence, son exploration du dispositif pictural. Au terme de cette résidence, nous invitons le public à venir découvrir le résultat de son travail et à échanger avec l’artiste sur sa pratique.
« Mon travail, écrit Benjamin Huynh, explore la manière dont les pratiques contemporaines de la peinture figurative reflètent et s’engagent dans des récits écologiques, sociaux et identitaires. Ainsi il remet en question les notions traditionnelles du/des médium.s, en explorant leur nature transitive (Isabelle Graw & David Joselit) / Expanded (M. Titmarsh) et leur interaction avec les cultures contemporaines de l’image.

Dans ma pratique, la peinture devient installation et lieu de passage. Elle révèle le réseau inhérent à la pratique picturale et interagit avec l’architecture. Je cherche une approche positive de l’espace — une attitude dans laquelle, comme le dirait le chercheur E. D’hollander, « ce n’est pas seulement le/la peintre qui parle, mais où l’architecture participe également ».
En questionnant les dispositifs, je réinvente l’interaction entre distance et objet, aboutissant à des pièces où l’œuvre et les viveurs (Guy Debord) convergent.
Le corpus d’œuvres implique une collaboration avec des ami·es pour générer des matériaux sources, notamment des selfies, dans une démarche affirmative et réflexive sur la représentation des corps queers (transitifs). Ces images sont ensuite recomposées dans des compositions influencées par l’histoire de la peinture figurative occidentale et les formes de l’auto-représentation au XXIe siècle à travers la photographie.

Dans mes recherches récentes, je travaille avec des méthodes ancestrales de fabrication de la couleur. En me concentrant sur des techniques à mi-chemin entre la peinture et la teinture naturelle — notamment la peinture à mordant et l’extraction de pigments — le travail explore les plantes (queers) capables de recoloniser des paysages tels que la ville et les friches. Ces plantes — résilientes, fugitives et transitives — ne sont pas de simples sujets, mais des co-auteur·rices d’un récit de réenchantement.
Lors de mes marches pour trouver ces plantes, je ressens l’acte de cueillette comme une méthodologie du regard — une chorégraphie quotidienne de l’attention, où les herbes dansent et murmurent des histoires de survie et de résistance. En ce sens, apprendre à voir, comme le suggère Estelle Zhong Mengual, ne consiste pas simplement à connaître : « L’enjeu pour apprendre à voir ne serait donc pas simplement de connaître, mais de connaître d’une manière qui relie ».
Cette pratique transforme la peinture d’image figée en écologie vivante — une invitation à voir, à ressentir, et à ré-imaginer les espaces que nous habitons. »

Benjamin Huynh (Fr/Be, 1996) est un artiste visuel pluridisciplinaire basé à Bruxelles et diplômé de l’ERG. Initialement attiré par la performance, son exploration artistique s’est ensuite orientée vers la peinture, l’installation et le travail textile.
Iel interroge les frontières traditionnelles de la peinture à travers des concepts tels que network painting et transitive painting, qui invitent à repenser la structure hiérarchique historique du médium. Dans cette dynamique, sa pratique se déploie dans un paradigme horizontal et interconnecté, où la peinture devient installation, lieu de passage et espace relationnel. Elle interagit avec l’architecture, questionne les modalités d’exposition et propose une reconfiguration du rapport entre l’objet et le regardeur·se.
Actuellement, iel poursuit une recherche soutenue par la Fédération Wallonie-Bruxelles autour des techniques entre teinture naturelle et peinture, notamment la peinture à mordant et l’utilisation/fabrication de pigments végétaux.
Iel fait également partie de l’équipe de The Gap Group Brussels, un projet développé avec SOTA (State of the Arts), proposant un programme de mentorat ainsi que des workshops destinés aux artistes émergent·e·s afin de les soutenir dans le début de leur carrière.
Son travail a notamment été présenté dans des lieux tels que la Biennale de l’Image Possible (Liège), Eleven Steens dans le cadre de Art On Paper (Bruxelles), le Centre Wallonie-Bruxelles (Paris) et la Maison Losseau (Mons), etc.
Salle
7ème CielHoraire
Tarif
gratuitDurée
90 minPublic
Adultes, Étudiant.e.sÀ voir également
Particularité(s)